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Le château Vaissier
Palais orientaliste d'un savonnier de Roubaix

Auteur : Gilles Maury
Genre : Architecture
Editeur : Picard, Paris, France
Prix : 39.00 €
Date de sortie : 13/11/2013
GENCOD : 9782708409477

Résumé

Comment retracer l'histoire d'un édifice quand il n'existe pas d'archives de l'architecte ou du commanditaire, et que le bâtiment lui-même a disparu ? A cette tâche apparemment impossible répond une longue enquête documentaire, prenant ici des dimensions archéologiques. Le château du parfumeur et savonnier Victor Vaissier, édifié en 1892 au coeur de la métropole lilloise en pleine expansion économique, en est devenu un des symboles. Surnommée "palais du Congo", cette extraordinaire demeure évoquait le Taj Mahal et multipliait les références indiennes avec un luxe inégalé dans la région. L'architecte roubaisien Édouard Dupire-Rozan, figure majeure de l'architecture dans le Nord injustement oubliée, sut concrétiser les désirs d'un client aux idées commerciales avant-gardistes. L'absence de sources a longtemps contribué à l'aura de mystère entourant le destin de la demeure, démolie en 1929, et de son commanditaire. En interrogeant la diffusion de l'architecture indienne en France, en évoquant la question de l'image de marque et de l'imaginaire commercial, une approche archéologique de l'édifice révèle les conditions de la création et les sources d'inspiration de ce palais orientaliste. Apparente fantaisie, le château Vaissier n'en fut pas moins une construction maîtrisée pour laquelle l'architecte fut le coordonnateur d'entreprises expertes et d'artistes de renom. Jusque-là considéré comme une curiosité locale, le château Vaissier retrouve sa juste place dans l'histoire de l'architecture, tant française qu'internationale.

Courrier des auteurs le 13/02/2014

Jamais je n'aurai imaginé qu'une simple visite, faites à l'âge de 18 ans, allait décider d'une partie de ma vie. 
Jeune étudiant en architecture, je découvris, grâce aux conseils d'un de mes enseignants, deux pavillons extraordinaires, perdus au coeur de la métropole lilloise. Leurs formes exotiques, parées de briques vernissées, totalement décalées dans le paysage local possédaient, et possède toujours, un charme romanesque auquel beaucoup succombent... Consacrer une thèse puis un livre (dix ans de travail !) à ce qui s'avéra, au fur et à mesure de mes découvertes, être une des plus inclassables demeures de l'histoire de l'architecture française, fut la conséquence de ma «rencontre» avec les deux principaux protagonistes de cette aventure esthétique. Au talent d'un architecte injustement oublié s'est adjoint la personnalité fantasque d'un client hors du commun qui, entre autres actions mémorables, versifiait sa communication professionnelle.

Gilles Maury


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Mons-en-Barœul : Gilles Maury prolonge sa passion pour le château Vaissier par un livre

Texte original d'Alain Cadet, différent de celui publié le 30/11/2013 par La Voix du Nord

Le livre de Gilles Maury, « Le Château Vaissier », vient de paraître. Il retrace l’histoire de cet édifice construit fin XIXe siècle, notamment grâce au savoir-faire d’artisans monsois.


Son auteur, architecte, enseignant-chercheur à l’école supérieure d’architecture de Villeneuve-d’Ascq étudie le sujet depuis longtemps. D’abord dans sa thèse de doctorat à l’université de Versailles Saint-Quentin (en 2009), puis avec cet ouvrage aujourd’hui. « Finalement, ce travail universitaire a abouti à un livre pour le grand public, explique l’auteur. Cette réécriture a bénéficié des nouvelles informations et qui ont enrichi ma réflexion. »


Le Château Vaissier, construit en 1891 et 1892 sur le territoire de la commune de Tourcoing (à la limite de Roubaix, Croix et Mouvaux), est l’œuvre de l’architecte Charles Dupire-Rozan. Son commanditaire, Victor Vaissier, était le patron charismatique des Savonneries du Congo. Ainsi, appelait-on aussi le bâtiment, « Palais du Congo ». Il méritait bien son nom. Avec 1 200 m² habitables, 600 m² de terrasse supérieure, c’était la plus vaste demeure privée au nord de la Loire. Elle possédait sa propre usine d’électricité pour faire briller la nuit son dôme de verre de 35 m de haut. Construit sur le modèle des palais de l’Inde, « le Château » était un objet architectural unique. Victime de la spéculation immobilière, il fut détruit en 1929 tandis que le terrain était revendu parcelle par parcelle.



Aujourd'hui, seuls subsistent les pavillons du concierge et du jardinier ainsi qu'une grille. « C'est une perte cruelle pour le patrimoine français », regrette Gilles Maury. « C'était une œuvre... le summum des Arts décoratifs du XIXe siècle ». Ce palais était recouvert de céramiques des Monsois, Désiré Delgutte et fils. « C'était probablement une des meilleures entreprises, en France, à la fin du XIXe siècle » révèle Gilles Maury. « L'architecte et le commanditaire ne lésinaient pas sur les prix. Les entreprises choisies pour la réalisation de ce bâtiment étaient les meilleures du moment. » 


Une véritable enquête policière

Gilles Maury a pu connaître avec précision le travail de cet atelier du Barœul, grâce aux archives de la famille mises à sa disposition par Annie Beaurenaud, l’arrière-petite-fille de Désiré. Ailleurs, il a eu bien des difficultés à reconstituer le puzzle. Les archives de l’architecte et de la famille Vaissier avaient disparu. Il n’existait aucun permis de construire, aucun plan. « La principale difficulté, c’est qu’il n’existait plus rien. Hormis quelques éléments mineurs, tout avait été détruit, regrette Gilles Maury. Je me suis lancé dans un travail d’archéologie où toute fouille était interdite parce que tout vestige avait disparu. »


L’auteur se lance dans une véritable enquête policière à partir de la profusion des cartes postales du début du siècle. Il trouve aussi dans une vieille revue un plan du rez-de-chaussée. Les actes notariés ou factures lui permettent de déduire la forme et les dimensions de chaque pièce. Il retrouve aussi dans les demeures roubaisiennes et tourquennoises des bouts de « Château », portes, fenêtres, éléments décoratifs, vendus pour quelques sous lors de la démolition. Enfin, le musée de la Piscine a commencé à constituer un « fonds Vaissier », rachetant tous les éléments remarquables possibles ayant appartenu à ce « Palais du Congo ».

Gilles Maury convie le lecteur à découvrir cette passionnante enquête à travers un livre précis et érudit qui se lit comme un roman. A.C. (CLP)


Le Château Vaissier, palais orientaliste d’un savonnier de Roubaix aux Éditions Picard. Le Musée de la Piscine de Roubaix consacrera une exposition à Victor Vaissier et à son « Palais du Congo » en 2015.


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Ci-dessus : cartouche parue dans un article de Lille Métropole